PEUT-ON MENTIR SUR SON CV ?

By Mathieu

Ça faisait un petit bout de temps que je n’avais pas écrit sur les techniques de recherche d’emploi.

Mais récemment, alors que j’animais à Toulouse un atelier sur le Personal Branding, j’ai été surprise, c’est le moins qu’on puisse dire, par un jeune candidat qui nous affirmait régulièrement mentir sur son CV. En tant que jeune diplômé fraîchement sorti de l’école, c’était, selon lui, « sa seule chance d’obtenir en entretien, parce qu’il n’avait pas d’expérience ».

(👉🏼PS : En réalité, avoir peu d’expérience n’est en rien un handicap pour trouver un emploi, et si le sujet t’intéresse,  j’y consacre un article entier ici)

Alors oui, jeune homme. Tu n’as pas, ou peu d’expérience. Ça s’appelle « avoir un profil junior », et c’est juste normal quand on débute. Alors postule à des postes faits pour les juniors, et « be yourself » 😉

Ce jeune homme n’est pas un cas isolé. C’est même de pire en pire.

J’ai trouvé une étude Britannique réalisée par ADP en 2012 (oui, 2012 c’est vieux, mais les chiffres doivent être logiquement encore pires aujourd’hui…).

Cette étude dit que 46% des CV qui circulent contiendraient de fausses informations. 46%… Ça veut dire la moitié. Un cauchemar et une grosse perte de temps pour tout le monde : professionnels du recrutement, responsables RH, autres patrons de PME, et candidats.

Pourquoi tant de mensonge pour décrocher un emploi ?

Même si la coach de carrière que je suis pense qu’il n’y a aucune excuse valable pour franchir la ligne rouge du mensonge sur un CV, ce chiffre effrayant s’explique peut-être par un phénomène :

En matière d’emploi il y a (encore) un déséquilibre entre l’offre et la demande.

Ce qui veut dire qu’il y a de plus en plus de demandeurs d’emploi, pour de moins en moins d’offres d’emploi.

Plus clairement, les recruteurs reçoivent (sauf pour certains métiers dits « en tension ») vraiment beaucoup de candidatures lorsqu’ils font paraître une offre sur un job board du type APEC ou Cadremploi.

Le candidat peut être alors tenté de se mettre en mode mercenaire-sans-foi-ni-loi, et de mentir sur son CV, dans l’espoir de sortir du lot et de taper dans l’œil du recruteur…(qui va sûrement découvrir le pot-aux-roses très vite.)

Sur quoi ment-on sur son CV ?

Cette étude nous apprend donc que 46% des CV sont truqués, mais aussi que dans la population étudiante, 70% des sondés disent qu’ils pourraient mentir au moment de leur recherche d’emploi, pour trouver un bon job.

Est-ce justement la peur de ce manque d’expérience dont nous avons parlé plus haut ?

Mentir sur ses références dans son CV

27% des mensonges sur les CV porteraient sur de fausses références.

Faire figurer des références est un vrai plus, sur une candidature.

Le principe : Donner les noms et coordonnées de personnes à contacter, et qui pourraient attester de l’exactitude des informations que tu donnes sur ton CV et lettre de motivation.

Cela permet donc au recruteur d’être rassuré, parfois il décroche son téléphone pour effectuer une vérification, et parfois non.

Dans tous les cas, il va “Googler” ton nom, sonder ta présence sur la toile, évaluer ta e-réputation, effectuer les premières vérifications de cohérence entre ton CV et tes profils sur les réseaux sociaux comme Linkedin.

Et comme il fait bien son job, il va aussi aller “Googler” le nom de tes références. Donc inutile de mentir à ce sujet, il finira bien par découvrir la supercherie.

Mentir sur son salaire dans son CV

40% des affirmations concernant le salaire sont mensongères sur le CV.

Certains annoncent leurs prétentions salariales sur leurs documents, qui parfois sont complètement incohérentes.

Dis-toi que la personne qui te recrute connaît à coup sûr le salaire moyen du secteur d’activités duquel tu arrives, de celui pour lequel tu postules en fonction de ta qualification, de ton expérience, de ton métier, et qu’elle connaît peut-être même la politique de rémunération de l’entreprise de laquelle tu viens.

Par contre, rien ne t’empêche de te préparer à la négociation de ton salaire à l’embauche avec méthode.

Dans son CV : Mentir sur son expérience et ses qualifications

21% des CV mensongers comportent de fausses informations sur la qualification et la formation du candidat.

Tu t’en doutes, c’est un calcul à très court terme. Souvent maintenant, lors de la constitution du dossier d’intégration d’une recrue, l’entreprise demande la photocopie de ses diplômes.

Pour les qualifications plus techniques, tu ne tromperas personne une fois que tu auras intégré le poste… comme on dit : « Ou on sait, ou on sait pas ».

Comment te sentirais-tu si une fois le poste décroché, tu te sentais démuni devant une tâche à accomplir (utilisation d’un logiciel, langue étrangère) pour laquelle tu avais déclaré être qualifié ?

Grand moment de solitude en perspective. Sans parler du capital confiance zéro dont tu seras crédité après ça, quand ton chef le découvrira.

Mentir sur le descriptif de ses missions de son CV

Ils sont 33% à mentir sur ce point dans leur CV. Alors ici, même combat, tu risques de te faire démasquer en entretien de recrutement, et quoiqu’il arrive, tu ne tromperas personne longtemps si tu es intégré.

Dans un CV : Mentir sur les dates de ses emplois

Ah, le fameux « trou sur le CV ».

On a tous eu des périodes blanches, des erreurs de routage, des périodes d’essai non concluantes, des mésententes avec notre N+1 qui nous ont fait quitter le navire, des temps au chômage ou consacrés à un projet extra-professionnels (faire un tour du monde, avoir un ou plusieurs bébés, etc.). Les candidats ont souvent peur du trou sur le CV, alors que souvent, on a été « sans contrat », mais on n’a pas « rien fait ».

Tout se défend, tout s’explique.

J’ai en mémoire cette cliente qui avait fait un break de plus de 3 ans pour élever son fils.

Elle n’arrivait pas à trouver la bonne manière de revenir à « la vie professionnelle », parce qu’elle était parasitée par la peur de ne rien trouver…

Elle pensait que « décider de s’arrêter 3 ans pour élever son enfant, c’est old school ».

Et bien figure-toi que non. Si faire un break de 3 ans pour élever ton enfant c’est ton truc, et bien fais-le.

C’est ton histoire, c’est ton choix, tes raisons sont bonnes parce que ce sont les tiennes, et tu les expliqueras sincèrement et tout simplement au recruteur le jour J !

Et si la personne à qui tu vends ce projet en entretien de recrutement n’est pas capable de le comprendre, pas de regret, parce que tu n’as pas envie de bosser avec des gens qui ne sauraient pas te comprendre. Point.

C’est moche, tous ces mensonges, hein ? Heureusement, 74% des sondés disent ne jamais avoir menti sur leur CV, mais 13% (hors étudiants) pourraient y penser et c’est fort dommage.

Être sincère sur votre candidature

Rédiger un CV est un exercice de style.

C’est donner toutes les informations importantes pour un poste, au sujet de sa vie professionnelle. Ceci en très peu d’espace, de manière synthétique, cohérente, vendeuse, authentique et bien fichue. C’est une occasion de se présenter sur son meilleur jour, on est d’accord.

Et comme je le dis souvent, un processus de recrutement, ce sont deux projets qui se rencontrent :

  • Le projet d’une organisation qui cherche sincèrement les compétences qui feront l’affaire pour un poste à pourvoir, qui est important pour elle, et pour lequel elle est d’ailleurs prête à rémunérer la bonne personne, et contribuer ainsi au bon fonctionnement de tout le système.
  • Le projet professionnel d’un candidat qui a justement des compétences à investir sincèrement dans une entreprise dans laquelle il a juste envie de se sentir utile, reconnu, rémunéré, à sa place, bref, de se sentir bien, en contribuant à faire tourner la boutique.

Tu as vu, j’ai employé le mot sincérité deux fois. Parce que pour que ce petit bout de chemin se passe pour le mieux entre notre petit couple, cette rencontre, oui, doit être placé sous le signe de la sin-cé-ri-té. Voilà pourquoi.

Alors sois juste authentique et sois bien cohérent dans les infos que tu donnes entre ton CV papier, ta lettre de motivation et tes profils sociaux parce que tout peut être vérifié.

Ne postule que là où tu as vraiment envie d’aller, et pour ce qui te correspond vraiment ; cela t’évitera de te créer une occasion de ne pas obtenir de réponse, tu gagneras du temps et c’est moins fatigant en période de recherche d’emploi.

Mathieu