Que faire quand le recruteur veut te déstabiliser ?

By Mathieu

Préparer un entretien d’embauche c’est aussi se préparer à l’éventualité de tomber sur un recruteur-persécuteur !

Oui oui, parmi nos collaborateursnos managers ou encore nos pairs, les persécuteurs-« gratteurs de pouvoir sur l’autre » existent en entreprise.

Et parfois, ben…pas de bol, c’est sur nous que ça tombe…et justement quand on cherche un boulot. Alors que les entretiens d’embauche ne courent déjà pas les rues…GRRR.

Le recruteur-persécuteur

Donc il est là, en face de toi et enchaîne les remarques limites, voire vexantes, sur ton CV et ton parcours dont tu étais plutôt fier en arrivant.

Ou bien il te regarde à peine, comme s’il ne prêtait que peu d’attention à toi.

Ou encore il te coupe sans arrêt la parole et réfute chacune de tes phrases. Il ne focalise que sur tes loupés, tes trous sur le CV, et pose des questions-à-la-con qui ne peuvent par définition pas obtenir de réponse intelligente, du genre “quel est votre principal défaut ?” ou “vendez-moi ce stylo”…

J’ai même vu un recruteur dire à un candidat qui avait fait 400 kilomètres pour venir à l’entretien “Pourquoi vous postulez ici, alors que vous avez déjà un boulot ?”.

Sérieusement…

Le rapport de force en entretien de recrutement

C’est une caricature, mais ça existe.

Dans un entretien de recrutement, la relation peut souvent être perçue comme inégale par le candidat.

Si tu suis régulièrement ce blog, tu sais qu’ici, je pense plutôt que le rapport en entretien doit être d’égal à égal : « Le recruteur bienveillant a besoin d’un profil adapté pour une union sur le long terme, et rencontre le candidat sincère et motivé qui a besoin de s’épanouir dans son travail en échange d’une rémunération juste »…Point.

Alors pourquoi parfois, a-t-on l’impression que le recruteur dérape ?

Alors que pour certains, se mettre dans la peau du bourreau est un véritable plaisir (Ceux là sont vraiment tordus je vous l’accorde) pour d’autres, c’est du bluff, et il y a un véritable objectif derrière cette manière de te « traiter ». (Et il y a aussi juste les mauvais recruteurs, ça existe aussi).

L’objectif : Tester ton savoir-être

Exemple : Tu postules à un poste de manager, où la gestion des conflits mais aussi la gestion de situations stressantes sont deux compétences importantes pour le poste.

Si tu commences à gesticuler sur ta chaise et à bégayer devant un interlocuteur qui te provoque, tu montres que tu n’as pas la sérénité et la posture nécessaires pour occuper un poste qui par essence est « stressant ».

De même que si tu ne supportes pas son attitude et que tu commences à laisser percevoir de l’agacement, voire même une certaine forme d’agressivité, tu en dis déjà suffisamment sur toi.

Alors reste calme !

Bon. Dis-toi que tes compétences et ta formation figuraient sur ton CV, et c’est d’ailleurs parce que le recruteur en a pris connaissance qu’il t’a proposé un entretien. Donc tu es là, et tu es légitime.

Cependant, en entretien, on cherche davantage à en savoir plus sur la personnalité du candidat. Ton caractère, tes réactions sont passées au scanner, histoire de voir si tout cela colle avec l’entreprise, et avec le poste à pourvoir. On peut, sur le papier, avoir une excellente formation et de l’expérience, mais si les soft skills  attendues ne ressortent pas de l’entretien, le process de recrutement peut s’arrêter là.

Une p’tite provoc, c’est bon signe

Si tu es là, c’est que toutes tes compétences sont en adéquation avec le poste. Donc si le recruteur commence à les remettre en cause, pense que cela fait partie du « jeu ». À quoi bon chercher à « tester » un candidat qui ne nous intéresse pas…

J’ai déjà accompagné un client qui voulait changer de job pour se diriger vers le domaine de l’action sociale, dans un métier en contact direct avec un public dit “difficile”.

Il devait passer des concours et entretiens extrêmement sélectifs. Lorsqu’il est sorti de l’oral, il était vraiment dépité, car il pensait avoir échoué tant le jury avait été « sévère » et « cassant » pendant son entretien.

Pourtant il l’a eu, et haut la main, figurant même dans le top 5 national, a contrario, certains de ses amis qui étaient rentrés chez eux confiants, tant l’entretien avait été fluide et rapide, se sont retrouvés ajournés.

L’idée, c’est que si le recruteur semble s’acharner avec des questions pièges et déstabilisantes, c’est peut être qu’il veut creuser et aller plus loin pour se conforter dans son choix…de te prendre.

Quelle attitude adopter face à une question déstabilisante ?

Alors ok c’est bon signe, mais point trop n’en faut : Le poste à pourvoir implique-t-il ce genre de situation à gérer ?

Car si ce n’est pas le cas, tu n’as pas de chance et tu es tombés sur la minorité de « persécuteurs » qui existe dans le monde du recrutement.

Si les questions deviennent trop personnelles, discriminantes, agressives, voire interdites, c’est à toi d’en juger mais tu peux tout à fait décider de ne pas répondre, ou même de mettre fin à l’entretien, car tu n’as probablement pas envie de travailler avec des gens qui ont cette mentalité là. N’est-ce pas ?

Si tu perçois que nous sommes bien dans un jeu de « test », alors prends le ainsi et :

Ne joue pas le jeu du persécuteur en adoptant le rôle attendu et « complémentaire » de victime. Branche-le sur un mode de communication rationnel, et fais-le préciser et rationaliser sa question : « Qu’entendez-vous exactement par cette question ? »

Réponds à l’agressivité par un sourire et une posture positive, toujours.

Si on te coupe la parole sans arrêt, reste concentré pour ne pas perdre la chronologie et la logique de ce que tu expliques. Tu peux prendre des notes et écrire des mots-repères sur ton bloc-note pour ne pas te perdre.

Si les silences s’éternisent, tente la reformulation, par exemple.

Si son attitude montre qu’il est « distant » ou « pas intéressé », ne te démonte pas, et continue à t’investir.

S’il te dévalorise et trouve que tu n’es pas à la hauteur, exprime-lui ton désaccord en affirmant ton point de vue. Tu as des choses à apporter à cette entreprise sinon tu ne serais pas là. Sans être arrogant, sois fier de ce que tu es, de ce que tu sais et de la manière avec laquelle tu l’as appris.

Dans tout type de relation, ton interlocuteur (ou vous-même !) peut mettre en place un déséquilibre.

Mathieu